Notre Dame du Mur est une colline. On la gravit sous des arbres quand on a cinq ans. Par la route et par un petit escalier. C’est le retour de promenade où trois élèves sont punis. Quand on descend l’autre versant deux voitures ne peuvent se croiser. Une conséquence d’avoir des parents professeurs de mathématiques au lycée est qu’ils savent bien manœuvrer. Ou d’anglais. Ou d’une autre matière. Ou des parents qui descendraient chaque jour la rampe qui mène au lycée parce qu’ils en éprouveraient le besoin pour une raison inconnue. Il s’agit de franchir la grille dans un sens le matin et dans l’autre le soir. Une autre grille, verte également, garde la cour des maternelles ; une cour avec deux arbres autour de quoi des enfants jouent. Un bac à sable. On boit du lait à la cantine où le cuisinier se montre quand il y a du bruit. Sœur Odile est un crocodile. Madame Gallou est un loup. Madame Renard est un renard. Si nous avions eu pour institutrice une madame Poisson, elle aurait été un poisson (et Sarkozy zizi). Il faut se mettre en rang. Un escalier monte à la cour du haut. C’est un endroit étrange. Ma sœur avait six ans. On joue aux billes. Je me suis cassé le nez en fermant les yeux. A force de courir. Pour attraper quelqu’un. Courir les yeux ouverts est la leçon du CP. On peut affronter l’existence. On n’a plus peur de rien.
On se retrouve au lycée. On mange au self. On suit des cours. On attrape le bac. On s’en va. Mon petit frère entre au collège. Il n’avait pas les mêmes institutrices. C’est à cause du temps qui passe. Il change les noms des institutrices. Il chahute les feuilles. Il coule du béton sur la colline. Il remplace des tuyaux. Il repeint des murs. Il rapetisse les cours d’école. Il garde l’odeur des couloirs. Du café. Des salles de classe. L’écho des voix dans le préau.