Individu mort
– Ah ! Le triste sort ! –
Sigismond le brave,
Frêle et betterave,
Sortit du tombeau :
Il n’était pas beau.
Sa barbe grouillait,
A son nez caillait
Des filets de boue.
Courant sur sa joue
Un gras asticot
Lui fit un bécot.
C’est affreux, je crois
Que sur les parois
Du froid mausolée
Où la lune allée
Dispensait un jour
Pâle et sans amour,
Sur ces murs glacés
Quelques mots tracés
– Hideux hiéroglyphes
Ayant l’air de griffes –
Disaient au plafond
Des horreurs sans nom.
Ça n’était pas gai.
On ne distinguait
Dans le cimetière
Que la mine altière
D’un grand corbeau freux.
Sigismond le preux
Déboucha soudain,
Triste reste humain,
Maigre pourriture,
Par une ouverture
Du sombre escalier
En perdant un pied.
Cette entrée en matière est l’occasion de méditer sur ce qu’on égare facilement des morceaux de soi quand on est mort et qu’on n’est pas complètement passé dans un autre monde.