Mangez vos bras

 

Mangez vos bras, tristes humains,
Mangez vos pieds, mangez vos mains,
Mangez bien toutes vos oreilles
Dont les saveurs son nonpareilles,
Mangez la lune et le printemps,
Mangez le jour, mangez le temps,
Mangez le chancre et la rognure
Avec un peu de confiture,
Mangez la soif et les couverts,
Mangez vos pieds quand ils sont verts,
Mangez l’argent que l’on dépense,
Remplissez-vous toute la panse,
Mangez la peur et le frisson,
Mangez du blé, mangez du son,
Mangez la nuit jusqu’à l’aurore,
Mangez sans fin, mangez encore,
Mangez la rate et l’estomac,
Mangez le bateau jusqu’au mât,
Mangez la lune et les étoiles,
Mangez le vent, mangez les voiles,
Accommodez de sable fin
Le grand gosier du meurt-de-faim,
Mangez le fleuve et la prairie
Et le désert et la scorie,
Ne vous contentez pas de peu,
Mangez, mangez tout ce qu’on peut,
Mangez le courant d’air aphone,
Mangez le fil du téléphone,
Mangez le clown avec l’humour,
Mangez la tristesse et l’amour,
Mangez toujours la cafetière
Avec le sucre et la théière,
Mangez vos draps de satin blanc,
Mangez du rouge avec du blanc,
Mangez le loup, mangez la chouette,
Mangez la flûte et la trompette,
Le soir venu, buvez de l’eau
En mangeant la tringle à rideau.

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Bon gars

Planchefable

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Western

Planchewestern

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Maritime

Planchemarin

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Des rives

desrives

L’association des rives organise chaque mois une rencontre avec un poète à la librairie « Tournez la page » à Combourg. J’ai eu la chance d’être invité l’automne dernier, et c’était drôlement chouette.

L’association publie un fanzine, qui présente quelques textes des invités en question. Outre, donc, votre serviteur, ce premier numéro est consacré à Giil Taws, Yann Le Rousic et Gilles Bizien.

Quant à Bernez Tangi, Thual, Ólöf Pétursdóttir et Gaël Morin, ils sont au menu du prochain numéro. On pourra les dévorer contre la somme de deux euros.

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Jean Bart et Saint Malo

Un brin de dédalonomie sur le parcours de la fête des remailleurs à Brest.


Place Jean Bart/ rue Jean Bart

Jean Bart.
Grand couturier français, né à Brest, parangon de l’élégance et mamamouchi de la mode sous Louis XIV.
On lui doit l’invention de plusieurs habits ou pièces d’habits dont la bonne société parisienne raffole et se dispute les derniers cris.
Parmi ceux-ci le corset à crans d’arrêt, aussitôt rebaptisé « corserre » parce qu’il serrait trop à la taille et que l’on finissait souvent par s’évanouir faute de pouvoir respirer.
Malgré ce léger défaut – la nécessité de respirer pour vivre est un point établi par les savants depuis des lustres – le « corserre » Jean Bart fera fureur tout le 17ème siècle, et puis on s’en lassera comme on se lasse de tout.

Rue de Pontaniou

On connaît le goût de Christophe Colomb pour découvrir le nouveau monde. Ce navigateur ne pouvait pas s’empêcher de traverser les océans. C’était une véritable manie.
A sa suite, tout un tas d’Européens embarquèrent pour les Amériques, où furent fondées un nombre impressionnant de ville et d’états qui s’appelaient New quelque chose ou La Nouvelle machin.
Ainsi New York, New Brunswick, La Nouvelle Orléans, le New Hampshire… la liste est longue des quelque chose et des machins.
Cette coutume répandue de baptiser une nouvelle cité d’après la ville ou la région d’origine des émigrants remonte – le sait-on seulement ? au huitième siècle, lorsqu’Ifig Le Bihan quitta le quartier de Pontanezen, traversa la Penfeld sur un petit bateau et fonda sur la rive droite New Ponta.
New Ponta connut des fortunes diverses au cours des siècles ; on y fit un bagne ; le nom devint Pontaniou sous l’influence du breton ; mais aujourd’hui tout le monde ignore qu’Ifig Le Bihan, moderne Christophe Colomb, traversa la Penfeld au péril de sa vie pour découvrir la rive droite. C’est le triste sort de tels précurseurs qu’ils ne laissent qu’une trace fugitive dans l’histoire d’un monde qu’ils ont pourtant façonné par leur intrépide appétit de grands espaces.

Rue de la Source

La Loire prend sa source au Mont Gerbier des Joncs. Pour des raisons de sécurité, en 1914, le gouvernement français déplaça la source de la Loire dans une maison d’apparence quelconque de Recouvrance. Ceci par crainte que les services secrets allemands ne l’empoisonnassent par quelque affreux produit chimique. Le même genre de transfert eut lieu pour les sources des autres fleuves français. Après-guerre, on les remit en place. Ce genre d’opération coûte beaucoup d’argent mais la sécurité de la nation n’a pas de prix.

Rue de St Malo

Tous les saints Bretons sont des saints guérisseurs. Dans la moindre chapelle on invoque saint Bidule ou saint Ploutruc pour se débarrasser d’un furoncle ou d’un mal de dos.
Saint Malo fut très tôt gouverné par l’ambition. A la vocation pieuse et l’inextinguible foi qui l’anima dès son plus jeune âge s’alliait étonnamment la dévorante nécessité d’être le premier de la classe.
Partant, puisqu’il se sentait l’âme d’un saint, il résolut d’être le meilleur de tous les saints.
Saint Malo s’appelait en réalité Edouard Le Bihan. Au moment de choisir un nom de scène, il opta pour celui qui ferait de lui, dans l’inconscient chrétien, le saint guérisseur par excellence. Celui qu’on peut appeler avec bonheur pour une douleur à l’orteil droit comme on le prie afin de guérir de la peste ou du choléra.
En toute circonstance, Saint Malo dos, Saint Malo bras, Saint Malo cheveux intercédera pour vous efficacement auprès du Très Haut.
Saint Malo reste, depuis le 6ème siècle, l’indétrônable saint patron des publicitaires.

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Tour Tanguy

Vendredi 9 avril, déambulation dans Recouvrance, c’est la fête des remailleurs.

Pour la création d’un petit spectacle, « Tangente », Safiya Cotonnec de la compagnie Têtdici Têtdailleurs s’est appuyée sur l’explication de l’origine du nom de la rue de l’Eglise que l’on peut compulser dans un ouvrage d’une rare érudition : « A côté de la plaque ».

remailleurs

Sur le parcours des remailleurs, la tour Tanguy, à laquelle on accède par la rue de la Tour. Quelques mots sur l’origine de la tour Tanguy :

S’agit-il d’un hasard ? Faut-il y voir le signe d’une prédestination ou l’opaque et mystérieuse empreinte de la céleste volonté dans le cours sinueux de l’histoire humaine ? Depuis toujours, sans qu’on en sache précisément la raison, les plus fameux bâtisseurs de tours se sont prénommés Gustave.
Gustave Eiffel a construit la tour Eiffel. Gustave Montparnasse la tour Montparnasse. Gustave Tanguy la tour Tanguy.
Gustave Tanguy naquit un jour de mai. Les petits oiseaux chantaient. La nature penchait sur le berceau du futur architecte un regard attendri par le moyen d’une brise légère qui chiffonnait les rideaux de la chambrette.
– On l’appellera Gustave, décida le papa.
– Pas question ! protesta la mère. On l’appellera Yannick.
– Sûrement pas. Tous les Yannick sont joueurs de tennis, comme Yannick Noah ou Yannick Mc Enroe, et j’ai horreur du tennis. On l’appellera Gustave.
– Yannick.
– Gustave.
– Yannick.
Ce fut Gustave, au terme d’un long débat dont nous passons ici les arguments.
Fasciné par le Moyen-Âge, Gustave Tanguy construisait des châteaux de sable en été sur la plage de Primel-Tregastel, où ses oncles avaient une caravane. Adulte, il décida de construire des châteaux de sable en pierre. De brillantes études d’architecture le firent embaucher en 1945 dans l’équipe qui dressa les plans du nouveau Brest. Gustave Tanguy conçut un grand ensemble moyenâgeux, qui n’existait nullement avant-guerre. La tour Tanguy en est l’élément le plus pittoresque et celui qui se rapproche le plus des petits châteaux de sable de son enfance, qu’il élevait avec une pelle et un râteau en plastique sur la grève où les vagues de la Manche roulaient d’enivrantes senteurs.
– Ça m’rappelle ma jeunesse ! disait-il souvent en se promenant rue de la Tour afin de contempler son œuvre.
Gustave Tanguy mourut en 1992, écrasé par un gros caillou qui tombait d’un échafaudage, non sans avoir auparavant construit Château-Bayard et les remparts de Carcassonne.
Aurait-il, dans d’autres circonstances, remporté Roland-Garros ? Nous ne le saurons jamais. Mais les remparts de Carcassonne et le tour Tanguy sont là pour nous rappeler que le sport de haut niveau n’est pas tout dans la vie.

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Poétickets 2010

L’occasion d’un discours : samedi 27 février, à la médiathèque de Pontanezen à Brest, lancement du jeu des poétickets avec Maïon et Wenn.

Toutes les choses ont une fin. Les haricots. Les belles histoires. Les heures de classe. Les dinosaures. Le jurassique et le crétacé. Le jour s’achève au crépuscule et la nuit finit à l’aube. L’hiver se termine par le printemps.

C’est la saison d’écrire un poème sur un ticket de bus. Ou de cinéma. D’horodateur. De stationnement. De caisse. D’entrée au musée Grévin. Ou au musée du Louvres. Ou au musée de la Fraise de Plougastel. Ou au musée de la chaussure de Clermont-Ferrand. Ou à n’importe quel autre musée sur la terre.

On entre au musée. On s’assied sur un banc. On compose un poème. Picasso et Rembrandt se contorsionnent dans leurs tableaux pour voir ce qu’on écrit. On sort du musée. On dépose le ticket dans une urne. On va se promener. On a le cœur content. A la place d’aller chercher son manteau à la blanchisserie, on écrit un poème sur son ticket de blanchisserie. C’est la raison pour laquelle la plupart des poètes sont très mal vêtus. A la place de manger au restaurant universitaire, les étudiants écrivent un poème sur le ticket du restaurant. Les collégiens refusent la cantine pour la même raison. Ils maigrissent à vue d’œil. On ne peut plus rien leur enseigner. Ils ont la tête dans les étoiles. Voilà pourquoi le niveau baisse. A cause de la poésie. Car tous les poètes sont maigres. Ils errent dans les rues ou bien dans les couloir du collège en inventant des rimes.

Au mois de mars, tout le monde vous donne un ticket pour écrire un poème. Les banques. Les supermarchés. Les zoos. Les salles de spectacle. La sécurité sociale et la sous-préfecture offrent trois heures de file d’attente et un ticket pour composer. Au moment d’arriver au guichet vous sortez de la sous-préfecture avec un poème au lieu d’une carte grise. Curieusement le monde est plus joli. Il y a du soleil et des nuages. Des lampadaires. Des immeubles. Cela dure depuis quatre ans.

Brochure poétickets

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Rue du Stiff

Petit retour sur la dédalonomie, avec l’explication de l’origine de la rue du Stiff à Brest, griffonnée il y a bien longtemps et jamais publiée.

Steve Mc Queen, on peut se demander ce qu’il fiche à Brest en 1963. Retour d’avoir tourné La grande évasion, il va dire bonjour à sa mémé.
– Bonjour mémé !
– Du café tu auras, Stiff mon petit ?
C’est à cause de l’accent de la mémé de Steve Mc Queen que la rue du Stiff s’appelle la rue du Stiff.
Sa mémé prépare le moins bon far de toute la région, mais Steve Mc Queen est obligé d’en manger quand même pour lui faire plaisir. Il est bien le seul. A part lui, le far du Stiff est quelque chose que tout le monde évite pour ne pas faire naufrage.

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Poème tasse

Ce poème tasse fait partie du « curieux petit déjeuner interrompu », installation de l’association Compter les girafes dévoilée les 12 et 13 mars prochain à l’occasion des rencontres Voix d’aujourd’hui à l’ancienne bibliothèque de Bellevue.

tasse1

tasse2

fond_de_tasse

Sur le tour de la tasse

Petit jour ensommeillé
Cette nuit de quoi rêvais-je
Ô mon cœur émerveillé
Dans quel autre monde allais-je

Où comme un petit pinson
Je chantais des barcarolles
Et cueillais la rime au son
Des fleurs ouvrant leurs corolles

Dans le fond de la tasse

Au matin le café bu
Je m’engouffre dans la rue

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