Tour Tanguy

Vendredi 9 avril, déambulation dans Recouvrance, c’est la fête des remailleurs.

Pour la création d’un petit spectacle, “Tangente”, Safiya Cotonnec de la compagnie Têtdici Têtdailleurs s’est appuyée sur l’explication de l’origine du nom de la rue de l’Eglise que l’on peut compulser dans un ouvrage d’une rare érudition : “A côté de la plaque”.

remailleurs

Sur le parcours des remailleurs, la tour Tanguy, à laquelle on accède par la rue de la Tour. Quelques mots sur l’origine de la tour Tanguy :

S’agit-il d’un hasard ? Faut-il y voir le signe d’une prédestination ou l’opaque et mystérieuse empreinte de la céleste volonté dans le cours sinueux de l’histoire humaine ? Depuis toujours, sans qu’on en sache précisément la raison, les plus fameux bâtisseurs de tours se sont prénommés Gustave.
Gustave Eiffel a construit la tour Eiffel. Gustave Montparnasse la tour Montparnasse. Gustave Tanguy la tour Tanguy.
Gustave Tanguy naquit un jour de mai. Les petits oiseaux chantaient. La nature penchait sur le berceau du futur architecte un regard attendri par le moyen d’une brise légère qui chiffonnait les rideaux de la chambrette.
– On l’appellera Gustave, décida le papa.
– Pas question ! protesta la mère. On l’appellera Yannick.
– Sûrement pas. Tous les Yannick sont joueurs de tennis, comme Yannick Noah ou Yannick Mc Enroe, et j’ai horreur du tennis. On l’appellera Gustave.
– Yannick.
– Gustave.
– Yannick.
Ce fut Gustave, au terme d’un long débat dont nous passons ici les arguments.
Fasciné par le Moyen-Âge, Gustave Tanguy construisait des châteaux de sable en été sur la plage de Primel-Tregastel, où ses oncles avaient une caravane. Adulte, il décida de construire des châteaux de sable en pierre. De brillantes études d’architecture le firent embaucher en 1945 dans l’équipe qui dressa les plans du nouveau Brest. Gustave Tanguy conçut un grand ensemble moyenâgeux, qui n’existait nullement avant-guerre. La tour Tanguy en est l’élément le plus pittoresque et celui qui se rapproche le plus des petits châteaux de sable de son enfance, qu’il élevait avec une pelle et un râteau en plastique sur la grève où les vagues de la Manche roulaient d’enivrantes senteurs.
– Ça m’rappelle ma jeunesse ! disait-il souvent en se promenant rue de la Tour afin de contempler son œuvre.
Gustave Tanguy mourut en 1992, écrasé par un gros caillou qui tombait d’un échafaudage, non sans avoir auparavant construit Château-Bayard et les remparts de Carcassonne.
Aurait-il, dans d’autres circonstances, remporté Roland-Garros ? Nous ne le saurons jamais. Mais les remparts de Carcassonne et le tour Tanguy sont là pour nous rappeler que le sport de haut niveau n’est pas tout dans la vie.

Ce contenu a été publié dans Divers. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *