L’occasion d’un discours : samedi 27 février, à la médiathèque de Pontanezen à Brest, lancement du jeu des poétickets avec Maïon et Wenn.
Toutes les choses ont une fin. Les haricots. Les belles histoires. Les heures de classe. Les dinosaures. Le jurassique et le crétacé. Le jour s’achève au crépuscule et la nuit finit à l’aube. L’hiver se termine par le printemps.
C’est la saison d’écrire un poème sur un ticket de bus. Ou de cinéma. D’horodateur. De stationnement. De caisse. D’entrée au musée Grévin. Ou au musée du Louvres. Ou au musée de la Fraise de Plougastel. Ou au musée de la chaussure de Clermont-Ferrand. Ou à n’importe quel autre musée sur la terre.
On entre au musée. On s’assied sur un banc. On compose un poème. Picasso et Rembrandt se contorsionnent dans leurs tableaux pour voir ce qu’on écrit. On sort du musée. On dépose le ticket dans une urne. On va se promener. On a le cœur content. A la place d’aller chercher son manteau à la blanchisserie, on écrit un poème sur son ticket de blanchisserie. C’est la raison pour laquelle la plupart des poètes sont très mal vêtus. A la place de manger au restaurant universitaire, les étudiants écrivent un poème sur le ticket du restaurant. Les collégiens refusent la cantine pour la même raison. Ils maigrissent à vue d’œil. On ne peut plus rien leur enseigner. Ils ont la tête dans les étoiles. Voilà pourquoi le niveau baisse. A cause de la poésie. Car tous les poètes sont maigres. Ils errent dans les rues ou bien dans les couloir du collège en inventant des rimes.
Au mois de mars, tout le monde vous donne un ticket pour écrire un poème. Les banques. Les supermarchés. Les zoos. Les salles de spectacle. La sécurité sociale et la sous-préfecture offrent trois heures de file d’attente et un ticket pour composer. Au moment d’arriver au guichet vous sortez de la sous-préfecture avec un poème au lieu d’une carte grise. Curieusement le monde est plus joli. Il y a du soleil et des nuages. Des lampadaires. Des immeubles. Cela dure depuis quatre ans.