Lassé des choses humaines, je tournais une à une, mollement étendu sur mon sofa, les pages d’un livre de Louis Barjon :
Bah, songeais-je, fatigué de tout, rien de vraiment neuf dans la collection « Nos beaux métiers par les textes ». Voici le troisième volume dont je rends compte. Le principe est toujours de former une anthologie de textes sur un métier donné. Les introductions en quelques lignes de l’auteur à chaque rubrique indiquent le thème de la rubrique en question :
Entrée en matière de la rubrique : Agonie en mer
J’ignore pour quelle raison je ne parvenais pas à m’enthousiasmer.
Le sort du marin n’est pourtant pas obligatoirement funeste. S’il survit, il peut devenir un soldat magnifique.
Au fond, c’est toujours la même chose. La page de garde nous apprend qu’après Le paysan, Le soldat et Le marin, un volume est à paraître, intitulé L’éducateur. Je ne possède pas ce livre, mais il n’est pas très compliqué d’imaginer que le chapitre traitant de la rentrée scolaire est introduit de la manière suivante :
Périlleuse au fond du bâtiment A
LA CLASSE DE SIXIEME C
n’épargne point le professeur débutant
J’ignore si Louis Barjon a, plus tard, évoqué Le fleuriste, mais si c’est le cas on trouve à coup sûr, en introduction à un extrait de Baudelaire ou d’Hugo, quelque chose comme :
Ronde composition de lys et d’orchidées
LA COURONNE MORTUAIRE
Orne le cercueil de bois
Bah, bah, bah, resongeais-je trois fois derechef (ce qui fait six ou douze), il est temps de tourner la page de la collection “Nos beaux métiers par les textes”. Quand on est abattu par la mélancolie sur la toile sinistre d’un sofa (j’ai repeins mon sofa en noir), changer d’état d’esprit réclame qu’on cherche sans attendre un manuel à tâtons sur l’étagère de la philosophie.
La semaine prochaine : Le rire, de Bergson.