De l’œuvre d’art au récit

La plupart des super-héros portent la cape et grimpent sur des gratte-ciels pour contempler la ville où règne le crime organisé. D’autres, plus discrets, patientent dans leur bureau en lisant des BD jusqu’à ce qu’un grand de ce monde leur apprenne que l’humanité souffrante requiert leur présence à son chevet. Dignes et graves, ils acquiescent aussitôt, enlèvent leurs pieds du bureau, finissent leur page et volent au secours des pauvres gens. Ainsi lorsque l’ONU, la FIFA, l’Unesco, la bibliothèque municipale ou la Communauté Européenne me demande : “Bob, peux-tu imaginer un atelier d’écriture pour nos adhérents lundi prochain ?”, je réponds toujours “oui”, sans hésiter.

Fin juin, alors que je m’apprêtais à partir en vacances, le réseau Canopé du Finistère et l’artothèque de Brest me proposèrent de mener en octobre un atelier d’écriture inspiré par deux œuvres de ladite artothèque, le projet étant joyeusement baptisé :

De l’œuvre d’art au récit

Le monde de l’art n’a aucun secret pour moi : j’ai souvent vu des reproductions de La Joconde dans des manuels d’histoire au cours de ma scolarité. “Tope-là”, fis-je, avant de grimper sur mon mulet et de gagner les contreforts des Andes où je méditai sur la grandeur des choses tandis que des condors tournoyaient gaiement dans le ciel d’azur. De retour à Brest et octobre approchant, je me fis la  réflexion que c’était une drôle de chouette proposition.

Prenons par exemple un tableau avec un bonhomme qui dompte un tigre dans un cirque :

tigre

Évidemment, j’ai fais le croquis moi-même. Vous n’avez qu’à imaginer que c’est un Rembrandt. On voit tout de suite comme il est facile d’inventer une histoire :

Chaque fois que je me trouvais face à Raoul , il me venait à l’esprit que j’aurais dû adopter un chat. On ne mesure jamais vraiment la portée de ses actes. Tout avait pour moi commencé par un soir d’hiver, en découvrant une petite annonce sur internet qui proposait un tigre du Bengale à un prix défiant toute concurrence. J’aurais dû écouter ma mère, qui me disait toujours de faire bien attention à la meilleure façon d’utiliser mon argent de poche. Hélas…
Etc.

Ou bien :

J’ai huit ans. Je déteste le cirque. Chaque fois que je vais au cirque, je m’ennuie. Pour mon plus grand malheur, mes parents sont accros aux clowns et aux acrobates. Ils arrivent deux heures avant le spectacle pour visiter la ménagerie. Je dois faire semblant de m’extasier devant des zèbres. Mais j’ai des consolations. Aujourd’hui, j’ai pu glisser du piment rouge dans la pâtée du tigre et j’attend avec impatience le début du numéro.
Etc.

Ou encore :

Tout petit, je rêvais de devenir photographe animalier. Je nourrissais une passion particulière pour les escargots et les limaces, ces fiers animaux que jamais l’homme n’a su contraindre à garder des troupeaux de mouton ou bien dresser à mordre les mollets des passants. Nobles, silencieux, dédaignant de se préoccuper d’un ours ou d’un lion si d’aventure il s’en promenait dans le potager, leur indolence me séduisait et la nacre de leur sillage, comme un arc-en-ciel sur de la laitue, troublait mon cœur. Par quel mystère en suis-je venu tout à coup, l’année dernière, à délaisser mes chers gastéropodes et mon appareil photo dernier cri pour peindre un tigre et son dompteur ? L’existence est un escalier qu’on dévale malgré soi. Une succession d’événements tragiques m’a réduit aux pires extrémités. Voici ce qui m’est arrivé : un jour …
Etc.

On voit que les histoires naissent dans les dessins, les tableaux et les photographies comme les bébés dans les choux ou les éléphants dans les magasins de porcelaine. Cet atelier d’écriture se déroulera mardi 20 octobre et n’est pas réservé aux seuls enseignants : il est ouvert à tous pour peu qu’on soit raisonnablement adulte (les enfants qui se présenteront seront mangés par un ogre, loué pour l’occasion) dans la limite des places disponibles. Du reste, il ne suffit pas de venir le jour dit : il faut s’inscrire au préalable auprès de l’atelier Canopé 29. Vanessa Che, responsable de l’artothèque, présentera d’abord les deux œuvres choisies. L’atelier sera suivi par l’exemple de quelques supports numériques pour la valorisation d’écrits par un membre de Canopé.

De l’œuvre d’art au récit, atelier d’écriture.  Mardi 20 octobre de 14h à 16h, Atelier Canopé du Finistère, 16 avenue Clemenceau à Brest. Gratuit, sur inscription. Renseignements : 02 98 80 06 89 Site internet : http://canope.ac-rennes.fr/taxonomy/term/29

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