Un brin de dédalonomie sur le parcours de la fête des remailleurs à Brest.
Place Jean Bart/ rue Jean Bart
Jean Bart.
Grand couturier français, né à Brest, parangon de l’élégance et mamamouchi de la mode sous Louis XIV.
On lui doit l’invention de plusieurs habits ou pièces d’habits dont la bonne société parisienne raffole et se dispute les derniers cris.
Parmi ceux-ci le corset à crans d’arrêt, aussitôt rebaptisé « corserre » parce qu’il serrait trop à la taille et que l’on finissait souvent par s’évanouir faute de pouvoir respirer.
Malgré ce léger défaut – la nécessité de respirer pour vivre est un point établi par les savants depuis des lustres – le « corserre » Jean Bart fera fureur tout le 17ème siècle, et puis on s’en lassera comme on se lasse de tout.
Rue de Pontaniou
On connaît le goût de Christophe Colomb pour découvrir le nouveau monde. Ce navigateur ne pouvait pas s’empêcher de traverser les océans. C’était une véritable manie.
A sa suite, tout un tas d’Européens embarquèrent pour les Amériques, où furent fondées un nombre impressionnant de ville et d’états qui s’appelaient New quelque chose ou La Nouvelle machin.
Ainsi New York, New Brunswick, La Nouvelle Orléans, le New Hampshire… la liste est longue des quelque chose et des machins.
Cette coutume répandue de baptiser une nouvelle cité d’après la ville ou la région d’origine des émigrants remonte – le sait-on seulement ? au huitième siècle, lorsqu’Ifig Le Bihan quitta le quartier de Pontanezen, traversa la Penfeld sur un petit bateau et fonda sur la rive droite New Ponta.
New Ponta connut des fortunes diverses au cours des siècles ; on y fit un bagne ; le nom devint Pontaniou sous l’influence du breton ; mais aujourd’hui tout le monde ignore qu’Ifig Le Bihan, moderne Christophe Colomb, traversa la Penfeld au péril de sa vie pour découvrir la rive droite. C’est le triste sort de tels précurseurs qu’ils ne laissent qu’une trace fugitive dans l’histoire d’un monde qu’ils ont pourtant façonné par leur intrépide appétit de grands espaces.
Rue de la Source
La Loire prend sa source au Mont Gerbier des Joncs. Pour des raisons de sécurité, en 1914, le gouvernement français déplaça la source de la Loire dans une maison d’apparence quelconque de Recouvrance. Ceci par crainte que les services secrets allemands ne l’empoisonnassent par quelque affreux produit chimique. Le même genre de transfert eut lieu pour les sources des autres fleuves français. Après-guerre, on les remit en place. Ce genre d’opération coûte beaucoup d’argent mais la sécurité de la nation n’a pas de prix.
Rue de St Malo
Tous les saints Bretons sont des saints guérisseurs. Dans la moindre chapelle on invoque saint Bidule ou saint Ploutruc pour se débarrasser d’un furoncle ou d’un mal de dos.
Saint Malo fut très tôt gouverné par l’ambition. A la vocation pieuse et l’inextinguible foi qui l’anima dès son plus jeune âge s’alliait étonnamment la dévorante nécessité d’être le premier de la classe.
Partant, puisqu’il se sentait l’âme d’un saint, il résolut d’être le meilleur de tous les saints.
Saint Malo s’appelait en réalité Edouard Le Bihan. Au moment de choisir un nom de scène, il opta pour celui qui ferait de lui, dans l’inconscient chrétien, le saint guérisseur par excellence. Celui qu’on peut appeler avec bonheur pour une douleur à l’orteil droit comme on le prie afin de guérir de la peste ou du choléra.
En toute circonstance, Saint Malo dos, Saint Malo bras, Saint Malo cheveux intercédera pour vous efficacement auprès du Très Haut.
Saint Malo reste, depuis le 6ème siècle, l’indétrônable saint patron des publicitaires.