Le vieux serviteur

Une ombre venait
Et tout se taisait.
Dans ce grand silence
La femme s’élance
Par un escalier,
Franchit un palier,

Descend dans la cour
Au pied de la tour,
Gagne la poterne.
D’ici l’on gouverne
Le lourd pont-levis.
Un homme est assis,

Un vieux serviteur,
Tremblant de frayeur :
« Je ressens, madame,
Au fond de mon âme
Un frisson glacé.
C’est un trépassé

Qui veut, là, dehors,
Entrer dans le fort. »
« C’est bien, lui dit-elle,
Ouvre. Je suis celle
Qu’il cherche depuis
Le fond de la nuit. »

« Dame, je ne peux,
Répondit le vieux.
Ce mur nous protège.
Pourquoi vous tuerais-je ? »
« Voici la raison :
Abaisse le pont

Car ce mort debout
Est mon cher époux
Revenu des limbes.
Or, si tu regimbes
Il te faut mourir. »
Et l’autre d’ouvrir.

Il y a des situations où il est préférable de ne pas discuter.

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