Grain de sable

Un petit film de vacances avec des apaches.

Publié dans Divers | Laisser un commentaire

La vie de l’instituteur

Il pleut sur Brest et le ciel est gris. C’est bientôt la rentrée des classes. Les instituteurs s’y préparent dans le plus grand secret. Ils font l’acquisition de tableaux noirs et de cartes de géographie. Les institutrices nouent fébrilement leur chignon. Même si elles n’ont pas de chignon. Les instituteurs se laissent pousser la barbe. Même s’ils se rasent tous les matins. Ils rangent de grands cahiers de cours dans leur cartable. Ils se dépêchent pour ne pas être en retard quand la cloche va sonner. Ils disent aux hurluberlus du troisième rang que l’un d’entre eux aille s’asseoir ailleurs. C’est parce que ce sont des images d’Epinal.

vicouvvieinstit

  Ce livre date de 1963 et s’adresse aux jeunes instituteurs

Aussi La vie de l’instituteur fourmille-t-il de renseignements. On y apprend comment se transformer en souvenir d’école. Cela commence par le début, trop souvent négligé. L’instituteur peut alors songer à la suite. Il s’agit d’ organiser la salle de classe. On peut transformer l’estrade en bac à sable, à condition qu’il y ait une estrade, qu’on la porte dans la cour, qu’on la renverse et qu’on la remplisse de sable. En ce qui concerne les tableaux pivotant sur pied, utiles quand il n’est pas possible de recourir au tryptique à cause d’un obstacle, « le pivot vertical est le seul qui soit rationnel ». Euclide le disait déjà dans l’antiquité. Heureusement, « d’anciens tableaux à pivot latéral peuvent être aisément modifiés ».

Ajoutez des fleurs, ne mettez pas de locomotive au mur mais plutôt la Joconde ou quelque chose d’aussi joli. Tout le reste en découle : la rentrée, l’inscription des élèves, les punitions, les visites médicales, les maladies contagieuses, le nettoyage des locaux, les accidents qui surviennent aux élèves (afin de les raréfier, il est prudent d’ « attirer l’attention des enfants sur le danger que présentent les engins de guerre abandonnés » et d’ « éviter de faire en classe des expériences de chimie dangereuses »), les accidents qui surviennent aux maîtres (en cas de fracture, il faut invoquer la législation), les assurances, la maladie, les congés, le directeur, le conseil des maîtres, les inspecteurs, les mesures disciplinaires, les mesures administratives, les récompenses honorifiques.

Dans le cas d’une vente de timbres antituberculeux, voici le modèle de lettre qu’il faut expédier aux parents d’élèves :

vilettre1Dans le cas de parents qui s’intéressent à leurs enfants, on complète à-propos celui-ci :

vilettre2En l’absence de résultats, gare :

vilettre3C’est sans espoir :

vilettre4

A l’amicale des anciens élèves peuvent se réunir « les anciens qui ont conservé un bon souvenir des années passées ».

Dans les écoles de garçons, les institutrices qui ne sont pas la sœur ou l’épouse du directeur sont en situation précaire. Certaines l’ignorent. Elles ont vingt ans d’ancienneté, enseignent toujours dans les classes des plus jeunes élèves. Quand on supprime un poste, c’est celui de la dernière institutrice nommée. Il est donc prudent pour elles d’empoisonner les nouveaux titulaires. A moins d’épouser le directeur. Ou de se faire passer pour sa sœur, mais cela nécessiterait d’acheter le silence du professeur de géographie qui est au courant.

 J’ai toujours pensé que la femme était l’égale d’un truc. D’un lave-vaisselle. D’une chaussette. Du Kilimandjaro, qu’elle gravit sans sourciller. De son mari. D’un voyage au Brésil. D’une expédition lointaine. D’un match à la télé. D’une finale. D’une question au Parlement.

 L’homme est égal à lui-même. C’est préférable. On ne peut l’imaginer d’une autre façon. Tout petit, il joue dans la cour de l’école. Il voulait être pompier. Extraterrestre. Chanteur au milieu d’un orchestre. Allumette au fond d’un puits. Plante verte. Courant d’air. Pingouin. Garçon dans une école d’institutrices.

Vendredi prochain : les prospectus que j’ai trouvés dans ma boite à lettres après quinze jours d’absence.

Publié dans Critiques littéraires | Laisser un commentaire

Le sourire de la banane

Le festival d’Avignon vient à peine de se terminer que déjà le théâtre occupe à nouveau le devant de la scène, avec un drame donné dans un lieu un peu plus petit que la Cour d’honneur du Palais des papes mais beaucoup plus grand qu’une boite d’allumettes :

La banane est d’ailleurs un sujet de prédilection pour les auteurs en ce moment.

 

Vendredi prochain, retour de la rubrique littéraire : la vie de l’instituteur par R. Pierret et H. Bardon, aux éditions Hatier, 1963

Publié dans P'tits films | Laisser un commentaire

Sonnet du vieux banc

 

SONY DSCSONY DSCSONY DSC

SUR LE BANC DÉFRAÎCHI QUI TIENT VAILLE QUE VAILLE
UN FANTÔME EST ASSIS IL SE SOUVIENT DU TEMPS
DE SA JEUNESSE FOLLE ET DE SES FIANÇAILLES
AVEC UNE COMTESSE AUX LONGS CHEVEUX D’ARGENT

A TRAVERS SON MANTEAU LA PEINTURE S’ÉCAILLE
IL ÉTAIT CHEVALIER QUAND IL AVAIT VINGT ANS
VÊTU D’UN BEAU CIMIER D’UNE COTTE DE MAILLE
IL ALLAIT A LA COUR AU MILIEU DE SES GENS

LA MAÎTRESSE DU ROI S’APPELAIT CUNÉGONDE
ON BRÛLAIT POUR DES YEUX DONT ON ÉTAIT L’ÉLU
LES SEIGNEURS D’AUTREFOIS NE DANSENT PLUS LA RONDE

CE POÈME EST ÉCRIT SUR DU BOIS VERMOULU
IL PASSERA BIENTÔT COMME TOUT PASSE AU MONDE
GRÂCES ET RÉCONFORT AU PASSANT QUI L’A LU

SONY DSCSONY DSC

Publié dans Poèmes objets | Laisser un commentaire

Testez votre intelligence

A l’heure où j’écris ces mots, le soleil brille et le pigeon roucoule. « Coucou », lui répond le coucou, et les tourterelles ne sont pas en reste, non plus que les grives, geais, pies, rossignols, vautours et perroquets dont le babil est à nos oreilles un agrément divin. Mais n’écoutons que la voix sévère de la conscience professionnelle et baissons les yeux sur le bureau, car il y figure un livre dont il est aujourd’hui question :

ticouvtestez

La présente édition date de 1974. Je n’étais pas encore né, mais je crois bien qu’avant même d’exister j’avais déjà renoncé au quotient intellectuel. Non, d’ailleurs, que je sois incapable de résoudre les menus problèmes que proposent ce genre d’ouvrage. Tenez, par exemple, la petite suite de dessins de la couverture. Il faut deviner ce que sera le quatrième, à la place du point d’interrogation. Hé bien, hop :

ticouvtestezsolSimple comme bonjour

Mais c’est une question d’éthique. Moi vivant, on ne me trouvera jamais 160 de QI. C’est un principe de ne pas décourager mes contemporains. Sans compter que j’ai beaucoup d’autres choses à faire. Des trucs, et aussi vérifier le niveau d’huile.

Consultons le bref avant-propos. Il s’agit, dit en substance l’auteur, de deviner la taille de son intelligence dans les 155 pages d’un livre qui n’est même pas Les Essais de Montaigne. « Le test d’intelligence, résume-t-il, est un curieux produit de la psychologie industrielle ».

L’œuf est un curieux produit de la poule et je connais une recette d’omelette aux champignons dont vous me donnerez des nouvelles. Mais poursuivons :

« Il se trouve que les tests, cocktails de quelques dizaines d’énigmes logiques, mathématiques et alphabétiques, sont les instruments les plus pratiques que nous connaissions pour évaluer rapidement une intelligence. »

Laquelle ? Peut-être était-il plus judicieux d’expédier directement ces tests à la personne concernée, plutôt que d’en faire un livre ? On apprend plus loin que tout un tas de types au quotient intellectuel particulièrement élevé ont contribué à la mise au point des tests, et pas un n’a eu cette idée toute simple. Il faut vraiment leur mettre les points sur les i.

 En ce qui me concerne, je retourne écouter roucouler les coucous.

tiquelnombreIl manque le nombre de la case en bas à droite dans le troisième carré.

Vendredi prochain, exceptionnellement, la rubrique littéraire sera remplacée par du théâtre.

Publié dans Critiques littéraires | Laisser un commentaire

Ras le bol

Certaines causes méritent qu’on les illustre par un film.

Publié dans P'tits films | Laisser un commentaire

L’Encyclopaedia Universalis

On me demande souvent l’heure et rarement la cause de mon érudition. Je prends le temps aujourd’hui de réparer cet oubli.

 Enfant, j’étais ce bambin joyeux que tout le monde imagine, et dont a dit quelque part : « qu’il est mignon ! » Constatation sans complaisance que ni les obstacles de l’existence, ni une calvitie naissante (davantage principe de beauté que marque du temps qui passe) n’ont su contredire. Je n’étais pas seulement mignon, j’étais aussi passionné par les arts, la littérature, le football, les échecs, l’alpinisme, les mouches et le sorbet à la framboise. Bref, tout.

 Quoi d’étonnant que mes livres de chevet fussent, à la différence des autres petits enfants, les ouvrages les plus à même de nourrir un gaillard de quatre ans avide qu’on lui inculquât ce que l’humanité mainte fois millénaire avait accumulé de science ou de poésie, et que le hasard d’une porte d’armoire entrebâillée dans le manoir familial vient de faire surgir à mes yeux perlés d’émotion ?

SONY DSC

Pour celles et ceux que ça intéresse, il est 13h22. Ouvrons un tome au hasard de l’Encyclopaedia Universalis. Tiens, le 14, par exemple. Il va de Pascoli à Powys. Je ne vous fais pas l’injure de vous expliquer qui est Pascoli et comment Powys a découvert le verre à moutarde.

euvol14

J’avais lu ce tome un soir que j’étais mélancolique et je l’avais dévoré d’une traite. Le petit matin m’avait trouvé ragaillardi. J’avais l’âme emplie des plus vastes sujets. Par quel grâce enfantine demeurèrent-vous gravés dans mon esprit depuis cette nuit-là ? Ô Patagons, pêche, Pérotin, phagocytose, phéniciens, plain-chant, poissons, polyzoaires, Porto Rico (et toutes les autres choses comprises entre Pascoli et Powys), vous ne m’avez plus jamais quitté.

Un des chapitres, qui m’avait particulièrement marqué, était consacré au Permien, un truc dont les limites sont discutées :

eulimitespermien

Plus tard, j’ai moi aussi écrit des livres, et je tiens absolument à préciser, quoiqu’en dise la critique, que je ne suis pas au nombre des auteurs qui réunissent le Sakmarien, l’Artinskien et le Kungurien dans le Permien inférieur. Ça me dégouterait, tiens. Murchison, Eléouet et Karpinsky sont de la vieille école.

 Côté poissons, l’Encyclopaedia Universalis dévoile certains secrets industriels parmi les mieux gardés de la filière pêche :

euschemaspoissonsIntérieurs de poissons panés

Chaque chapitre de l’encyclopédie commence par un sommaire qui permet au lecteur de se mettre en appétit :

SONY DSC

Combien en ai-je lui, de ces fameux chapitres, au cours de ma jeunesse ! Si j’avais du cœur à l’ouvrage et que l’heure de ma séance d’haltérophilie journalière n’approchait pas si vite, je m’épancherai longuement sur le tome 5 et le tome 22 qui, ça me revient à présent, sont les plus rigolos. Parmi tous les livres pour enfants, il n’en est pas que je recommande avec davantage de vigueur.

Mais, hélas ! Voici déjà le moment venu de refermer, à peine entrouverte, la porte de l’armoire aux souvenirs !

La semaine prochaine : Testez votre intelligence, par Pierre Berloquin, le Livre de Poche.

Publié dans Critiques littéraires | Laisser un commentaire

L’almanach du facteur 2012

Certaines occupations réclament qu’on leur applique une science qui ne souffre pas la distraction. C’est ainsi qu’ayant dû acquérir du papier bulle pour emballer un maigre colis, je me trouve, ce papier bulle ne s’achetant qu’en rouleau, une fois le colis terminé, devant 2 m 50 x 50 cm de bulles à éclater en les pressant entre le pouce et l’index. Je suis donc un homme occupé. Mais je consens néanmoins à m’interrompre pour vous entretenir, à la demande générale, de certains trucs.

 J’ai appris tout récemment que nous étions en 2012 et ça ne m’a pas étonné du tout. Il y a quelques temps nous étions en 2009 et, encore plus tôt, en 2006 ou quelque chose comme ça. Moi-même je suis né dans les années soixante-dix, à une époque où l’an 2000 n’était qu’un mirage lointain, et j’ai porté des sous-pulls mauves plus d’une fois au cours de mon enfance. L’expérience a fait de moi cet homme au visage buriné que plus rien n’étonne, capable du meilleur comme du pire, humble dans la victoire, courageux dans la défaite, chanteur sous la douche.

 Je me suis regardé plus d’une fois dans le calendrier, et je n’y trouve rien à redire :

afcalendrier2012

Voilà des années que je m’y vois sous la forme de chatons dans une écuelle ou de la grande échelle des pompiers, encadré par un semestre où les noms des saints les plus rigolos sont Pélagie, Croix Glorieuse et Fiacre. Apollinaire est en septembre. Il a bien raison. L’automne arrive et c’est la saison d’écrire des poèmes. On mâchouille le bout d’un crayon pendant des heures avant de trouver que « feuilles mortes » rime avec « pas de porte » :

afhaikuApollinaire

Il s’agit là d’un haïku inédit d’Apollinaire que je vend 300 000 euros. On reconnaît la patte de l’auteur du Bateau ivre.

Quand on ouvre l’almanach du facteur 2012, on tombe aussitôt sur un article consacré à la France des régions. « La France que l’on connaît actuellement ne s’est pas formée en un jour ! » déclare l’auteur (dont le nom n’est hélas pas mentionné), dans un préambule ravissant. C’est ce que j’ai toujours pensé.

Comme tout almanach, celui-ci abonde en anecdotes savoureuses et renseignements de toutes sortes, mais il faut tout de même prévenir le lecteur néophyte que les gens qui écrivent ce genre d’ouvrage ont une conception toute personnelle du soleil couchant et de la pleine lune, uniquement basée sur des chiffres, et une manière bien à eux de peindre la nature qui peut rebuter au premier abord. En fait, je n’aimerais pas tellement les avoir pour voisin de palier.

afpaysagemarin« Brise marine », dessin au fusain par Vincent M, rédacteur à l’almanach du facteur

Néanmoins, il n’y a qu’eux pour mettre le doigt sur certaines particularités historiques locales et vous régaler du code postal d’Irvillac ou vous expliquer en petits caractères tout en bas d’une page que « les jours augmentent de 1h38 en février ». L’expression est mystérieuse. Il doit s’agir encore d’une conséquence du réchauffement de la planète. A noter dans l’almanach 2012 : un poster détachable représentant le plan de Brest, que les adolescents pourront punaiser au-dessus de leur lit, et beaucoup d’autres surprises.

afjoursLesnevenL’origine des jours à Lesneven

Quand on regarde l’autre face de l’almanach, on s’aperçoit que les six mois qui viennent de s’écouler sont représentés par deux chatons dans des pots :

afcalendrier2012debut

Il n’y a donc pas grand chose à regretter. Tout laisse à penser que nous filons à train d’enfer en direction de 2013 et que des chatons s’y prélasseront dans une corbeille. A moins d’une loi anti-chatons, qui n’est pas dans les cartons du nouveau gouvernement, je ne vois pas comment on pourrait vivre une autre vie que la sienne.

 Apollinaire vient en automne et les beaux jours sont au printemps.

 La semaine prochaine : l’Encyclopaedia Universalis

Publié dans Critiques littéraires | Laisser un commentaire

Un poème sur tous les thons

SONY DSC

Un poème sur tous les thons

Les petits poissons et les requins blancs
Voguent de conserve en dix océans

Mais pour varier le bœuf mironton
L’homme sans pitié pêche les poissons

Il ne voudrait plus d’un bon faux-filet
Il jette à la mer ses vastes filets

Et n’y pouvant mais, tous les animaux
Passent à trépas en sortant de l’eau

La gent écailleuse au funeste sort
Connaît les rigueurs d’une affreuse mort

Les braves poissons quand ils sont pêchés
Gisent en conserve au supermarché

Publié dans Poèmes objets | Laisser un commentaire

Tiens, Paulette

L’autre jour, à la bibliothèque, comme, attablé devant un codex du XIIIe siècle, je songeais au cintrage du D majuscule chez les moines bénédictins, une amie vint me taper sur l’épaule.

 – Réveille-toi, Bob. Tu devrais regarder ce truc-là. C’est du tout cuit pour tes critiques littéraires.

tpPaulette

– Juste ciel ! m’écriai-je après que j’eus repris mes esprits, mais ce n’est pas un livre !

Le sens de l’observation est une seconde nature chez moi. J’avais remarqué que l’objet qu’on me présentait n’était pas un livre.

– Il s’agit d’une cassette vidéo, ajoutai-je, péremptoire et concis.

– Oui, mais le titre est rigolo, rétorqua mon interlocutrice avec à-propos. Comme tu lis rarement un livre au-delà du titre, il n’y a pas de raison que tu ne pondes pas une de ces chroniques dont tu as le secret à partir de celui-ci.

– Hé là ! fis-je, outré, hé là !

Je n’ajoutai rien d’autre mais on sentait dans la vigueur que je mis à crier « hé là » combien les types dans mon genre ne transigent pas avec la déontologie. Je parle littérature dans cette rubrique, il ne saurait-être question de dériver sur autre chose. Mais elle était déjà partie, et je me penchai malgré moi vers la cassette, curieux comme à l’accoutumé de tout ce qui m’est soumis, fût-ce un machin sans intérêt.

C’est vrai que le titre était rigolo.

tpresumeDialogues de Michel Audiard

Quand on parle cinéma, alors là, pardon, mais le plus calé de l’assistance, c’est toujours moi. Naturellement, j’avais déjà entendu parler une ou deux fois de Tiens, Paulette, faut que j’te dise etc, mais je ne l’avais jamais vu. Très curieux, parce que les deux épisodes suivants : Au fait, Jeanine, faut que j’t’annonce, on s’envole au Pérou et Tiens, Marcel, faut que j’te dise, on dîne chez les Dupont gisent au pied de mon canapé depuis quelques éternités et qu’il ne se passe pas une semaine sans que je regarde l’un ou l’autre en essuyant une larme au moment critique.

tpresumedupont

Rien ne ressemble davantage à un microfilm contenant les secrets du Pentagone qu’une cassette vidéo dans sa boite :

SONY DSC

Dans le cas présent, je n’ai pas d’éléments absolument irréfutables pour démontrer que Tiens, Paulette, faut que j’te dise on part au Sénégal contienne un ordre de mission pour un agent de la CIA, mais certaines choses m’ont paru très suspectes. Je ne peux pas en dire plus. A un moment donné, un agriculteur sénégalais dit : « Pourquoi pas ? »

tpcaptureecranUne capture d’écran. Étrange.

Si l’on considère le film comme un simple divertissement, je ne vois rien à l’horizon qui m’empêche de vous livrer une analyse brillante de la situation. Les ressorts de l’intrigue sont assez minces. Trois points se dégagent tout de suite aux yeux avertis du critique :

a) l’agriculteur bourguignon est barbu.

b) La femme d’un des types s’appelle Paulette.

c) Il est vaguement question de la faim dans le monde.

On pourrait bien sûr entrer dans les détails, mais je ne veux pas ennuyer mon auditoire en évoquant la femme du Bourguignon, qui est assise auprès du Bourguignon pendant l’interview, l’incohérence de l’agriculture mondiale, la surproduction, la concurrence, l’Unicef, les tomates, que sais-je encore ? Et puis toutes ces histoires de tiers monde et de peuples à nourrir sont loin derrière nous, maintenant qu’on peut faire ses courses par internet.

– Dis donc, Bob, tu as vu ça ?

Voilà qu’à nouveau la même amie que tout à l’heure me tapait sur l’épaule et présentait à mes yeux papillonnants deux cassettes vidéos :

tpherontpgroenland

Saperlipopette ! Il existe donc une femme dont le charisme et la présence sont tels qu’on a jugé que la montrer désignant un téléviseur à des adolescents fût à même d’illustrer le Sénégal, le Groenland, le héron cendré et sans doute un tas d’autres sujets ! Marlon Brando et Adjani peuvent aller se rhabiller.

  – J’en ai toute une collection, si tu veux.

 – Non merci. Je tiens une rubrique littéraire et je reviendrais la semaine prochaine à de la littérature. Semblable au jeune poulain, je piaffe de tout mon être en direction de l’herbe tendre dont est composé certain ouvrage de poésie. Veux-tu savoir de quoi il sera question ?

Mais elle était déjà partie.

 La semaine prochaine : l’almanach du facteur 2012.

Publié dans Critiques littéraires | Laisser un commentaire